Une nouveau «Jobs Act», autrement dit un nouveau Code du droit du travail, a été adopté par le Parlement Italien le 03 décembre 2014. Cette réforme qui rentre en vigueur à compter du 1er janvier 2015 ne créera pas des emplois, mais un contexte favorable à la prolifération des opportunités d’emplois, selon le ministre du Travail Italien, Giuliano Poletti. D’inspiration libérale, cette réforme devrait faciliter les licenciements, jusqu’ici quasi impossibles en Italie.

Réintégration forcée du salarié

L’article 18 du Code du travail italien rendait obligatoire la réintégration d’un salarié ayant fait l’objet d’un licenciement jugé abusif par les tribunaux. En vigueur depuis plus de 40 ans, cet article a été anéanti, au grand soulagement du patronat. Les entreprises pourront licencier sans craindre la foudre des tribunaux, mais le salarié aura droit à une indemnisation pouvant aller jusqu’à 24 mois de salaire.

Le professeur Roberto Pessi, spécialiste du droit social italien résume la portée de cette réforme en ces termes : « elle institue un contrat unique du travail, qui prévoit une flexibilité plus forte du travail pendant trois ans, censée faciliter l’embauche des jeunes. La loi modifiera aussi le système d’allocation-chômage (ASPI) en allongeant sa durée d’indemnisation, de six mois à deux ans, en fonction des disponibilités futures de la caisse d’assurance-chômage. Ces mesures permettront de mieux lutter contre la précarité du travail, qui est une véritable plaie en Italie, et de la faire disparaître à terme».

Précarité du marché de l’emploi

L’institut italien des statistiques a récemment fait état d’une grande précarité de l’emploi en Italie. Sur 22,6 millions d’actifs, 17,1 millions sont des salariés, dont 14,7 millions en CDI, et 5,5 millions des professions indépendantes. Les collaborateurs sans contrat, en état de précarité, sont 375.000, selon l’ISTAT, tandis que 2,4 millions vivent dans l’angoisse d’un renouvellement de leur contrat temporaire.

Après l’Espagne en 2011, l’Italie adopte la «flexisécurité», se réjouit le Prix Nobel d’économie 2010 Christopher Pissarides. «Cela permettra de desserrer les rigidités du marché, mais il ne faut pas s’attendre à des effets significatifs avant quatre ans», explique-t-il. À court terme, en Europe, «la reprise dépend moins de réformes du marché du travail que de l’inversion de politiques monétaires et fiscales basées sur l’austérité».

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