Les statiques montrent que pendant les périodes de crise économique le chômage  augmente davantage dans les pays où les propriétaires sont plus nombreux. Bien sûr, ce rapprochement -crise-chômage-propriété- ne prouve rien. En effet, il pourrait y avoir des habitudes, une norme culturelle qui causent à la fois une large diffusion de la propriété immobilière et un chômage élevé.

Mais, le fait est que plusieurs études économiques montrent que les pays où les locataires sont nombreux sont les moins frappés par le chômage. A preuve, avec seulement 30 % de propriétaires, la Suisse comptait pendant la crise financière de 2008-2011, 3 % de chômeurs tandis que l’Espagne, où 80 % des foyers possédaient leur propre logement, plus de 25 % de la population active était sans emploi.

Taux de causalité

Les économistes, Andrew Oswald et David Blanchflower ont réalisé une étude passionnante qui en établit cette causalité aux États-Unis, en comparant ce qui s’est passé dans les différents États sur plusieurs décennies. Le taux de propriété « constitue un indicateur très prédictif du taux de chômage », a affirmé Andrew Oswald.

Un doublement du taux de propriété immobilière est associé à une augmentation significative du taux de chômage, constate l’étude. Ainsi, de 1950 à 2010, dans les cinq États où la proportion de propriétaires a le moins progressé (+ 1 %), comme la Californie, le taux de chômage a augmenté de 3,5 points. Dans les cinq États où il a le plus progressé (+ 23 %), l’augmentation du chômage a été de plus de 6 points.

Les deux économistes admettent qu’ils ne savent pas bien comment expliquer ce lien. Ils proposent toutefois des pistes. Les propriétaires déménagent notamment moins facilement pour changer de travail. La chute des prix de l’immobilier ces dernières années a sans doute accentué cet effet, même si d’autres travaux relativisent cet impact.

Politique de déréglementation

En Finlande, l’économiste Jani-Petri Laamanen a aussi montré qu’une politique favorable à la location est une arme contre le chômage. Au début des années 1990, le gouvernement avait testé une telle politique dans certaines régions. Le chercheur a donc exploité cette « expérience naturelle » pour comparer ce qui se passait dans ces régions et dans les autres. Jani-Petri Laamanen est finallement parvienu à la même conclusion que celle d’Oswald et Blanchflower : dans une région donnée, la baisse de la proportion de propriétaires entraîne un chômage moins élevé.

Au demeurant, les mesures appliquées en Finlande relèvent d’une politique libérale de déréglementation : déplafonnement des loyers, possibilité pour un propriétaire de ne pas renouveler un bail sans avoir de justifications à donner, etc. Bref, la réforme a stimulé la location et fait baisser le chômage parce qu’elle était favorable à la propriété locative !

A contrario, une politique dogmatiste dirigée contre le propriétaire, au nom d’une, soi-disant, justice sociale, visant à encadrer la location découragera la location et favorisera le chômage.

Notis©2013

Sources: “Does High Home Ownership Impair the Labor Market?” par David G. Blanchflower & Andrew J. Oswald