Même s’il est dangereux, voire interdit dans beaucoup de pays, téléphoner au volant demeure un exercice tentant. Dans les pays où l’utilisation du téléphone cellulaire tenu ou non en main a été interdite au volant, l’effet sur le comportement des automobilistes a été presque immédiat. Selon des statistiques disponibles, le taux de distraction au volant liée au téléphone aurait été divisé par deux dès la première année de l’entrée en vigueure de la loi. Passé ce délai, les automobilistes se deprennent difficilement de cette mauvaise habitude. Les observations faites sur les routes sont particulièrement préoccupantes.

Main libre ou non libre

Plusieurs études sur les comportements des conducteurs utilisateurs d’un cellulaire révèlent qu’une majorité (50% à 60%) d’entre eux continue de parler au téléphone en conduisant, que ce soit avec un système mains libres ou non. Une bonne partie de ces personnes utilise exclusivement pour ce faire une technologie mains libres. Ces chiffres ne satisfont pas pleinement les pouvoirs publics. Car le risque d’accident est établi maintenant avec le téléphone cellulaire. Et ce risque est assez semblable que l’on utilise un appareil en main ou une technologie mains libres. En effet, le mode mains libres a beau être l’action la plus populaire de ces conducteurs au volant, il n’est pas pour autant un gage de sécurité. Comme le dit un expert : «Téléphoner en voiture, c’est une distraction cognitive engendrée par la conversation que l’on a avec quelqu’un qui n’a pas conscience des conditions de circulation dans lesquelles on est».

Les accrocs de l’écran

L’avènement des téléphones intelligents ou Smartphones a aggravé les comportements des conducteurs utilisateurs d’un cellulaire. Bon an, mal an, de 20 à 25% d’entre eux écrivent ou lisent des messages textes en conduisant. Même si une très grande majorité de ces derniers (88%) affirment le faire rarement ou occasionnellement, ils sont tout de même 30% à reconnaître avoir été distraits au volant et avoir fait une manœuvre dangereuse. Ils sont même 51% à reconnaître qu’ils n’ont pas toujours une conduite sûre.

Que ce soit au volant ou en dehors de la conduite, les gens sont accrochés à leur téléphone et tout signal sonore les porte à se précipiter sur leur écran. La meilleure illustration de ce comportement réside dans cette proportion de 54% des conducteurs utilisateurs des messages textes qui affirment ne pouvoir s’empêcher de lire un message lorsqu’ils sont au volant. Parmi les conducteurs utilisateurs des messages textes, 20 % ne peuvent s’empêcher de répondre à un texto en conduisant.

Cette situation illustre l’omniprésence du téléphone cellulaire – surtout des smartphones – dans notre quotidien. Il est présent dans notre auto comme partout ailleurs. Il a un impact sur nos comportements, notamment au volant. C’est pourquoi, son utilisation en voiture est difficile à modifier.

Le dispositif législatif

Les législations qui interdisent l’usage du téléphone cellulaire au volant visent généralement tous les appareils «munis d’une fonction téléphonique, activée ou non». Ce qui signifie que le conducteur qui tient en main un téléphone est présumé en faire usage, ce qui constitue une infraction, peu importe l’utilisation qui en est faite. Par conséquent, les conducteurs utilisateurs d’un cellulaire qui emploient les textos (SMS) au volant profitant du fait d’être à un feu rouge pour lire un message, sont en infraction. Car en s’arrêtant pour respecter la signalisation, ils continuent de conduire. Pour les sanctions, la loi prévoit la suspension du permis (par retrait de points) et/ou une amende relativement élevée. Dans leur ensemble, les autorités de régulation et de prévention de la sécurité routière sont pour une réévaluation de cette infraction. Elles recommandent au gouvernement de doubler voire tripler les amendes existantes.

Le lien de causalité

Pour l’instant, il n’existe aucune statistique qui permette de lier accidents de la route et usage du téléphone. Il faut dire que ce n’est pas une chose dont on va se vanter après un accrochage! Ce n’est d’ailleurs que sur mandat d’un juge que l’enquête pourra exiger un relevé des appels. Mais il est acquis que l’inattention est à l’origine du tiers des accidents de la route et que le téléphone est l’un des principaux suspects. Alors, indépendamment de ce qu’en dit la loi, le bon sens recommande un système mains-libres. Seulement voilà, il n’existe aucun système mains-libres totalement fiable. En effet, quel que soit le système utilisé (main libre ou enchainée), la vitesse moyenne du conducteur diminue de 12% sitôt qu’il téléphone verbalement ou par écrit.

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