Des ordinateurs portables aux téléphones cellulaires, des voitures aux avions, toutes sortes de produits de consommation courante sont fabriqués à partir de minéraux provenant du continent Africain. Il n’est pas exagéré de dire que les économies des pays riches dépendent des ressources naturelles de l’Afrique. Le continent possède, en effet, d’importantes ressources minières qui représentent un tiers des réserves mondiales, tous minerais confondus. Cependant, l’exploitation de ces richesses naturelles reste synonyme de pillages au profit d’un petit nombre et de ravages écologiques.

Le carburant de l’économie mondiale

Pratiquement tous les véhicules modernes sont équipés de convertisseurs catalytiques fabriqués à partir de platine et le rhodium. L’Afrique est le premier producteur de la platine (89% de la réserve mondiale) et de rhodium dans le monde.

Très résistant à la corrosion des acides, bon conducteur de chaleur et d’électricité, le tantale est utilisé pour la fabrication des téléphones cellulaires, ordinateurs portables et autres petits appareils électroniques. C’est un produit d’exportation clé qui aurait permis le financement des conflits en RD Congo.

Depuis 2011, l’Afrique a produit sur le marché mondial, plus de la moitié des diamants, près de trois quarts de platine et un cinquième de l’or.

Les batteries rechargeables utilisent le cobalt dans leurs électrodes. La demande pour la confection des appareils électroniques portables a créé un énorme marché pour ce minerai produit majoritairement (60%) des sols africains.

Les moteurs à réaction utilisent de superalliages qui contiennent souvent du cobalt et du chrome. L’Afrique est la source principale du chrome, avec une part dans la réserve mondiale estimée à 81%. De nombreuses pièces d’avions sont fabriquées à partir d’alliages d’aluminium, qui peuvent représenter jusqu’à 80% du poids d’un avion de passagers.

L’Afrique produit le charbon, le gaz et l’uranium. L’uranium est la source de combustible nucléaire, qui fournit environ 14% de l’électricité consommée dans le monde.

En 2012, l’Afrique a produit un dixième de l’ensemble du pétrole du monde – environ 9,4 millions de barils par jour – jusqu’à près de 8% de plus par rapport à 2011.

Le détournement colossal

africaparadox1Selon un rapport intitulé « Équité et industries extractives en Afrique », publié par l’ « Africa Progress Panel » sous la direction de l’ancien secrétaire général des Nations unies Kofi Annan, au cours des dernières années, l’essentiel de la rente des matières premières a continué à être capté par une minorité et la pauvreté n’a pas reculé comme l’aurait permis une redistribution plus large. En Zambie, par exemple, le revenu des 10 % les plus pauvres a baissé de moitié lorsque celui des 10 % les plus riches augmentait de plus d’un tiers.

Le rapport pointe aussi des pratiques frauduleuses d’une ampleur colossale. En Angola, 4,2 milliards de dollars (3,2 milliards d’euros) manquaient dans les caisses de la compagnie pétrolière d’Etat pour la seule année 2012. En République démocratique du Congo, « cinq contrats de privatisation à travers la vente d’actifs publics à des investisseurs étrangers opérant par l’intermédiaire de sociétés offshore enregistrées aux îles Vierges britanniques et dans d’autres juridictions ont, de par une sous-évaluation des actifs, privé l’Etat de 1,3 milliard de dollars, soit plus du double des budgets de l’éducation et de la santé ».

Devant ce sombre tableau, il est difficile de croire que les ressources naturelles africaines, en quantités encore largement inexploitées, seront un jour le levier de développement du continent.

Notis©2013

Sources: IntierraRMG, U.S. Geological Survey, British Geological Survey, World Bank, CIA World Factbook, BP Statistical Review of World Energy, South African Chamber of Mines, Botswana Central Statistics Office OCDE », CNN.