Pour savoir si l’entreprise que vous dirigez peut encore tenir la route,  inutile d’être un pro des statistiques, un fiscaliste ou un expert-comptable ; Il suffit d’observer les relations de votre entreprise avec les principaux acteurs qui constituent son environnement: les banques, ses salariés, ses clients, ses fournisseurs, l’administration fiscale et la sécurité sociale. La méthode a un énorme avantage: elle ne nécessite aucun calcul, un peu de psychologie et de bon sens suffit pour obtenir une photographie juste de la situation de votre entreprise. Il s’agit d’un outil de détection des difficultés entièrement qualitatif.

Les relations avec les banquiers

Vous devez vous inquiéter si votre chargé de compte bancaire se met à vous appeler très régulièrement (chaque jour ou presque) pour faire le point avant d’accepter de régler les chèques ou les traites qui se présentent au débit du compte de votre entreprise. Un responsable PME en agence gère en moyenne entre 50 et 100 comptes d’entreprise. S’il prend le temps de vous téléphoner tous les matins pour vous questionner sur les encaissements à venir dans la journée, ce n’est pas pour avoir le plaisir d’entendre votre douce voix… mais parce qu’il est rongé d’inquiétude. Ses appels répétés montrent deux choses : d’un côté, il doute de la santé de votre entreprise ; de l’autre, il n’a pas renoncé à s’en occuper. Autrement dit, il juge les difficultés actuelles surmontables.

La cote d’alerte monte d’un cran dangereusement lorsque votre banquier refuse de régler des traites. Car ce geste témoigne d’une très forte chute de sa confiance dans votre entreprise. Il a en outre deux conséquences directes hautement dommageables. D’abord, un rejet d’effets de commerce dégrade les relations de votre société avec ceux de vos fournisseurs qui sont victimes de ce rejet. Ensuite, cet incident de paiement est signalé automatiquement auprès de la Banque centrale, et vient influer sur la cotation de votre entreprise auprès de cette dernière et des assureurs-crédit. Le stade suivant sur l’échelle de gravité : votre agence en vient à rejeter des chèques. Il s’agit d’une décision gravissime qui vous met sur le chemin de l’interdiction bancaire.

Les relations avec les salariés

Nul chef d’entreprise ne décide de gaieté de cœur de retarder la paie de ses salariés, sachant les dommages personnels que cela entraîne pour chacun d’eux. Si vous vous êtes résolu à cette extrémité, c’est le signe que votre entreprise connaît une importante crise de trésorerie. L’accumulation des arriérés de salaires entraine généralement une montée de l’absentéisme, traduction d’un malaise de votre personnel, né d’un sentiment de dégradation des conditions de travail, d’inquiétudes sur l’avenir de l’entreprise… Elle génère souvent une sensation de flottement et une baisse de motivation chez l’ensemble des salariés, avec des effets désastreux sur la productivité. Le paroxysme est atteint lorsque des salariés qui tiennent une place importante dans votre organisation en viennent à démissionner parce qu’ils ont perdu confiance.

Les relations avec les clients

Les retards de livraison traduisent une mauvaise organisation de l’entreprise. Ils vont très vite engendrer du mécontentement chez vos clients, qui iront voir ailleurs… L’augmentation du délai moyen de règlement de vos clients reflète une détérioration de la qualité de votre poste clients : attention, vous risquez des impayés ! L’accroissement du nombre de litiges, lui, est le signe d’une mauvaise qualité de votre production. Enfin, des annulations anormales de commandes peuvent indiquer soit que les clients dont elles émanent sont en grande difficulté, soit qu’ils n’ont pas été convaincus par la qualité de votre dernière livraison. La situation devient critique lorsque votre entreprise perd un, voire plusieurs clients importants sans que vous ayez la certitude de pouvoir récupérer à brève ou moyenne échéance le chiffre d’affaires correspondant.

Les relations avec les fournisseurs

Si vous retardez l’envoi des chèques, traites et autres ordres de virement destinés à régler vos achats, c’est parce que votre trésorerie est tendue. Cessez de vous raconter des histoires, la situation ne va pas s’arranger demain. Surtout si elle se prolonge depuis plusieurs mois… Vous aurez beau tenter d’amadouer vos fournisseurs, cette technique ne durera qu’un temps : ils comprendront très vite pourquoi vous renâclez à leur payer leur dû. Et cela les inquiétera. D’ailleurs, ils ne tarderont pas à envoyer une injonction de payer. La situation devient catastrophique si vos fournisseurs se mettent à douter tellement de la pérennité de votre entreprise qu’ils vous suppriment tout délai de règlement, vous contraignant à payer comptant. Ou lorsque les injonctions de payer se multiplient. Ou encore quand l’un de vos fournisseurs vous fait assigner en justice pour créance non contestée.

Les relations avec les administrations

Vos hormones du stress doivent se déclencher si, pour la première fois, vous n’avez pas réglé vos cotisations sociales ou votre TVA. Ou bien si vous avez connu une première inscription de privilèges de la sécurité sociale ou du Trésor public. Ou encore si on vous a collé un redressement significatif à la suite d’un contrôle. Car, attention, on ne joue pas impunément avec l’Administration. Ces symptômes deviennent des révélateur de difficultés quand une entreprise en vient à ne pas régler ses créanciers privilégiés, c’est qu’elle rencontre de réels problèmes de cash. Une inscription de privilèges est la marque de difficultés de trésorerie persistantes. En effet, cette procédure se déclenche à l’issue de trois mois de non-paiement. Enfin, subir un redressement significatif à la suite d’un contrôle fiscal vous fait courir trois dangers : un assèchement de la trésorerie de la société, une baisse de sa rentabilité, mais aussi les foudres de l’Administration avec le déclenchement d’autres contrôles. La situation désespérée encas de non-dépôt des déclarations, inexactitude dans les bases de cotisations sociales ou de TVA, non-paiement du BIC et taxe professionnelle, réception d’avis à tiers détenteur, non-règlement répété de cotisations ou de TVA, multiplication des avis de redressement…

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Sources : Cip