Cinq ans après le début de la crise financière mondiale, l’économie mondiale montre des signes encourageants de reprise, surtout dans les pays développés. C’est ce qui apparait dans le dernier rapport de la Banque mondiale, intitulé « Perspectives économiques 2014», paru le 15 janvier 2014. Dans son rapport annuel, la Banque Mondiale affirme que les pays riches semblent enfin être au bout du tunnel et que l’économie mondiale est à « un tournant ». Mais l’institution internationale financière attire l’attention sur la « vulnérabilité » des perspectives de croissance.

Risques de rechute

Il est à craindre une montée sauvage des taux d’intérêt mondiaux, qui pourraient affecter la circulation de l’argent dans et hors des pays en développement et conduire à la volatilité des marchés financiers internationaux. Selon la Banque mondiale certains pays en développement «pourraient faire face à des risques de crise » si le déroulement des mesures de relance est accompagné par la volatilité du marché. « La croissance semble se renforcer à la fois dans les pays où les revenus sont élevés et les pays en développement. Mais les risques de récession continuent de menacer la reprise économique mondiale », a déclaré le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim. « La performance des économies avancées prend de l’ampleur, ce qui devrait, dans les mois à venir, soutenir la croissance forte enclenchée dans les pays en développement. Cependant, pour accélérer la réduction de la pauvreté, les pays en développement auront besoin d’adopter des réformes structurelles favorisant la création d’emplois, renforçant les systèmes financiers et les filets de la sécurité sociale», a-t-il ajouté.

Perspectives régionales

La croissance en Asie de l’Est et en Asie Pacifique maintient pour la troisième année consécutive le taux de 7,2% en 2013. L’on observe une croissance plus lente en Indonésie, en Malaisie et en Thaïlande, où les revenus des produits de base restent faibles, et où les politiques ont été incapables de répondre à la surchauffe des activités domestiques. Les vulnérabilités intérieures générées pendant les années de politiques expansionnistes restent un poids lourd pour la région. Le  PIB en Chine devrait rester stable en 2014 (7.7%), avant de ralentir à 7,5% les deux prochaines années, en raison du désendettement et du relâchement de l’investissement induit par l’instance politique. Cette région reste globalement vulnérable face aux risques de dénouement désordonné des investissements chinois et aux risques de resserrement brutal de la conjoncture du financement mondiale.

La croissance au sein de l’espace Europe orientale et Asie centrale s’est renforcée en 2013 avec un taux de croissance d’environ 3,%, soutenue par les exportations vers l’Europe qui ont améliorés les revenus et revigoré les exportations en ressources énergétiques des pays d’Asie centrale. Avec un commerce florissant et des liens financiers avec des pays de l’Europe à revenu élevé, l’Asie centrale et les pays d’Europe orientale bénéficieront d’une reprise certaine. Mais, l’impulsion des exportations sera partiellement compensée par une demande intérieure plus faible, en raison notamment de la restructuration du secteur bancaire en cours. Cette région devrait connaitre une croissance stable de 3,5% en 2014, puis progressive de 3,7% en 2015 et 3,8% en 2016. Les risques incluent un retour à la faiblesse de la zone euro ou de l’économie Russe, ajustement désordonné du resserrement des conditions financières mondiales, et de nouvelles baisses brutales des prix des produits de base.

Des conditions de financement plus strictes et les marchés des produits de base moins favorables en 2013, ont laissé de nombreux pays d’Amérique latine et des Caraïbes aux prises avec une croissance relativement faible. La croissance de la demande intérieure a ralenti, notamment au Brésil, bien que l’activité commence à se redresser au Mexique. Il en est de même des exportations en Amérique centrale, en partie soutenue par l’expansion du canal de Panama. La croissance régionale devrait se redresser à 2,9% en 2014. Puis 3,2% en 2015, avant d’accélérer à 3,7% en 2016. La forte croissance des exportations, en sus d’une croissance régulière de la consommation, devrait pousser la croissance du Brésil à un taux de 3,7% en 2016. La reprise notable de l’économie des Etats-Unis, devrait permettre au Mexique de croître à 3,4% en 2014, puis accélérer à 4,2% en 2016. Les risques de crise pour cette région résident dans le saut désordonné des taux d’intérêt mondiaux et le marasme prolongé et profond du prix des produits de base.

Les économies en développement du Moyen-Orient et Afrique du Nord restent déprimées. Les troubles et impasses politiques en Egypte, en Tunisie, l’escalade de la guerre civile en Syrie, avec des retombées sur le Liban et la Jordanie voisine, ont affaibli l’activité dans les pays importateurs de pétrole. Dans le même temps, les revers de sécurité, les grèves, les problèmes d’infrastructure, et -dans le cas de l’Iran- les sanctions internationales, ont affecté négativement les pays exportateurs de pétrole de la région. La croissance régionale, qui s’est contractée à 0,1% en 2013, devrait rester faible avec des perspectives entachées d’incertitudes. La croissance globale de la région devrait atteindre 2,8% en 2014, se raffermissant à 3,3% en 2015 et 3,6% en 2016, bien en deçà du potentiel de la région.

L’Asie du Sud s’est contentée d’une modeste croissance de 4,6% en 2013. Cette situation reflète la faiblesse de l’Inde qui nage au milieu d’une forte inflation et possède un compte courant public foncièrement déficitaire. Cependant, la croissance régionale devrait s’améliorer avec  5,7% en 2014, en hausse de 6,7% en 2016, du fait essentiellement de la reprise de la demande d’importation par les pays développés et l’investissement régional. Mais cette prévision dépendra de la stabilité macroéconomique, des réformes soutenues et des progrès dans la réduction des contraintes du marché interne. Les principaux risques de désillusion sont liés à l’aboutissement des réformes fiscales et politiques ainsi que les incertitudes liées aux élections en Afghanistan, au Bangladesh et en Inde.

La croissance économique s’est accélérée en Afrique sub-saharienne en 2013, soutenue par des investissements sur la base de ressources solides. La croissance du PIB réel est estimée à 4,7% pour la région. Hors l’Afrique du Sud, la croissance moyenne pour le reste de la région a été de 6,0% en 2013. La reprise au cours de la première moitié de 2013 a été faible dans les pays exportateurs de pétrole (Angola, Gabon, Nigeria). Il est prévu une croissance régionale de l’ordre de 5,3% en 2014, puis 5,4% en 2015, enfin un raffermissant de 5,5% en 2016. La région est relativement insensible à la hausse des taux d’intérêt mondiaux, mais reste très vulnérables à la plus forte baisse prévue des prix des matières premières, les risques domestiques liés aux chocs climatiques néfastes aux récoltes locales et aux prix alimentaires. Ajouter à cela les conflits politiques, les risques de sécurité dans le nord du Nigeria, les attaques de pirates le long du golfe de Guinée qui pourraient augmenter les coûts d’expédition et perturber le commerce régional.

Notis©2014

Sources: Global economy prospects report 2014