Les administrateurs de « BlackBerry » ont déclaré, le 23 septembre 2013, la signature d’un protocole d’accord fragilisant encore plus la situation juridique d’une société en agonie. Aux termes de cet accord, qui fait suite à l’annonce de la suppression de 4500 emplois directs et une perte de plus d’un milliard de dollars, du fait de stock invendu, il est difficile d’imaginer un avenir radieux pour le géant canadien. Cette entente ressemble étrangement à l’histoire d’une firme d’investisseurs privés qui tentent de sauver leur investissement alors que quasiment personne d’autre ne s’y intéresse.

Un passé radieux

Créée en 1984 à Waterloo, en banlieue de Toronto, sous la dénomination de «Research in Motion », ayant pour objet le conseil et l’assistance technologique, la société a lancé son premier appareil BlackBerry en 1999. Le système de messagerie avangardiste et le clavier QWERTY particulière efficace, ont assuré à la marque un succès au près des hommes d’affaires et une popularité inédite dans le monde de la technologie mobile. Devenu omniprésent à Wall Street et Capitol Hill, BlackBerry prit le surnom de Crack Berry. Aussi en 2009, BlackBerry n’a-t-il pas été nommé par le magazine Fortune comme la société la plus génératrice de croissance dans le monde, avec des revenus annuels frôlant les 84%.

Mais, les temps ont bien changé. Depuis 2009, le cours des actions de BlackBerry s’est effondré vertigineusement (90%), tombant même l’été dernier à 7 $ l’action, son point le plus bas. Aujourd’hui, BlackBerry caracole à l’arrière du peloton des constructeurs de smartphones – grignotant une minuscule portion de 3 % d’un marché mondial dominé  par l’iPhone d’Apple et le système d’exploitation Android de Google.

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Une vision dépassée

L’échec de BlackBerry, aux antipodes d’Apple et Google, est la conséquence d’une série d’erreurs dans sa vision stratégique :

1. Pendant la décennie de son omnipotence sur un marché à forte croissance, BlackBerry n’a pas été attentif aux aspirations versatiles de sa clientèle. Cet attentisme lui a fait rater la révolution du smartphone.

2. BlackBerry a été pris de court par l’émergence de «l’économie des applications », qui a conduit à l’adoption massive des appareils iPhone et Android.

3. BlackBerry n’a pas réalisé que les smartphones allaient évoluer au-delà des simples fonctions communicatives, pour devenir de véritables centres de divertissements mobiles.

4. BlackBerry a insisté sur la production de téléphones avec claviers, malgré les indices de l’engouement suscité par les écrans tactiles, qui ont permis une meilleure visualisation de la vidéo et une simplification de la navigation sur internet. Lorsque BlackBerry a finalement décidé de se lancer dans la confection d’appareils à écran tactile, il a été accusé de plagiat. De plus, ses appareils avaient perdu toute saveur et toute attractivité comparativement aux produits d’Apple, Google et Samsung. Tandis que BlackBerry se reposait sur ses lauriers au sommet du marché des mobiles, ses concurrents s’interrogeaient sur l’évolution du marché de la consommation. Cette stratégie leur a permis de se concentrer sur les téléphones intelligents.  Le temps que BlackBerry se rende compte de son retard, ils avaient déjà inondé le monde entier de puissants ordinateurs portables, capable d’envoyer des e-mails et naviguer sur le Web avec une convivialité inimaginable.

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