Une étude internationale publiée dans la revue scientifique Nature en date du 4 avril 2013, conclut que les navires de pêche chinois ont siphonné, loin de leurs côtes, entre 3,4 millions et 6,1 millions de tonnes de poissons par an entre 2000 et 2011. Dans le même temps, Pékin ne déclarait que 368 000 tonnes de poisson en moyenne auprès de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Douze fois moins que la réalité estimée par les spécialistes des ressources halieutiques ! La valeur du poisson débarqué de l’étranger par la Chine s’élèverait à 8,9 milliards d’euros chaque année.
L’Afrique, le continent le plus pillé au monde
Plutôt que de s’en tenir à la nature des pavillons trop souvent de complaisance, faute de chiffres fiables, cette étude s’est appuyée sur la nationalité des marins et de leurs officiers, car il est rare qu’un équipage de la République populaire de Chine travaille pour un armateur d’un autre pays. Au large de l’Afrique, il est courant que des navires armés par des propriétaires chinois fassent travailler des pêcheurs locaux, mais ces derniers sont alors souvent rémunérés avec quelques caisses de poissons qui seront revendues près des côtes africaines, mais pas en Asie.
Car ce que dénoncent les gouvernements africains et ce qu’observent les ONG sur le terrain se confirme et se précise avec ce recensement. Tous dénoncent les chalutiers géants qui campent dans les eaux poissonneuses du continent noir, en approvisionnant souvent directement des bateaux usines-frigo en mer. L’Afrique constitue effectivement la première cible de la flotte chinoise : cette dernière y prélève 3,1 millions de tonnes de poissons par an en moyenne selon les chercheurs, soit 64% de ses prises à l’étranger. Les côtes de l’ouest du continent – sans doute les plus pillées du monde, pas seulement par des bateaux asiatiques –, sont leur cible principale. L’Asie, suivie de loin par l’Océanie, l’Amérique du Sud et centrale, ainsi que l’Antarctique constituent les autres terrains de chasse de la flotte de pêche chinoise.
Les données publiées par les chercheurs correspondent à de la pêche non répertoriée, ce qui ne signifie pas qu’elle soit entièrement illégale. Une partie peut être réalisée avec l’accord des autorités du pays concerné, mais il n’est pas possible de distinguer les deux types de pratiques.
Le déclin des ressources halieutique
Dans leur publication, les experts d’instituts de recherche canadiens, espagnols, français et australiens mettent en rapport le déclin de la ressource halieutique dans les océans, dont témoigne la stagnation du tonnage global de la pêche mondiale, et la pratique qui consiste à envoyer les bateaux pêcher très loin de leurs ports d’attache, dans des zones jusqu’il y a peu épargnées par la surpêche.
Européens et Américains ont été les premiers à y avoir recours dans les années 1980, suivis par les Russes, le Japon et la Corée du Sud une décennie plus tard. Tous s’assuraient un accès aux eaux étrangères moyennant l’achat de licences de pêche auprès des gouvernements locaux – plus ou moins légalement il est vrai. Les Chinois, qui se lancent à leur tour à l’autre bout des mers pour répondre à la demande de leur marché intérieur, ne semblent pas toujours s’embarrasser de tels préalables.
Notis©2013
Sources : Fish and Fisheries / nature / le monde