Le Football, plus que tout autre sport, symbolise la mondialisation. Près de la moitié de l’humanité ont arrêté toute activité pour regarder plusieurs matches de la Coupe du Monde qui débute au Brésil le 12 Juin 2014. Devant un tel engouement, il est triste de constater qu’une compétition se soit déroulée sous un nuage de corruption. Des documents récemment publiés par la presse ont, en effet, révélé des paiements sous table qui auraient permis au Qatar de gagner le droit d’abriter la Coupe du Monde en 2022. En sus, un rapport publié par la FIFA, l’instance dirigeante du football international, dit avoir constaté que plusieurs matchs d’exhibition ont été truqués avant la Coupe du Monde de 2010 organisée par l’Afrique du Sud. Bien entendu, ces scandales n’ont connu aucune suite judiciaire, comme d’habitude.

La tricherie, comme règle

Beaucoup de fans de football sont indifférents à toutes ces « combines et liaisons » du sommet. Ce qui importe c’est le spectacle : les muscles de Cristiano Ronaldo, les dribles messianiques de Lionel, les couleurs multiples, les filles attrayantes et beaucoup de beaux buts…

Les grosses magouilles, les vieux costumes et le visage fatigué des dirigeants des hautes instances n’intéressent pas grand monde. De toutes les façons, se disent certains, il faut le reconnaitre, la turpitude morale de la FIFA et de ses démembrements n’est pas un cas isolé. Le Comité International Olympique, fait, lui aussi, face à un scandale dans le cadre de l’attribution des Jeux d’hiver en 2002. Le patron de la Formule Un, Bernie Ecclestone, est soupçonné de corruption en Allemagne. Le basket-ball américain, la NBA, vient de bannir un propriétaire de club pour des propos racistes…

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Le prix de la corruption

Cependant, les fans de football ont tort de penser que le soi-disant beau jeu du foot est à ce prix. Cela pour trois bonnes raisons.

Tout d’abord, avec une corruption et une complaisance au sommet, il est plus difficile de lutter contre les  magouilles sur le terrain. Jamais il n’y a autant eu d’argent dans les paries. A titre d’exemple, 1 milliard de dollars seront engagés sur chaque match de la Coupe du Monde.

Deuxièmement, la grande corruption ne s’arrête pas après la désignation du pays hôte. Pour les régimes incompétents et corrompus, la coupe du monde est un événement sportif majeur mais aussi l’occasion de se servir dans la caisse de l’Etat. Par exemple on octroi de gros contrats ou des billets à des copains, on minore les primes des joueurs. Finalement un tournoi qui devrait être national devient le festival d’un club privé.

Enfin, il faut savoir que le football n’est pas aussi globale que les médiats de disent. En effet, ce sport n’a pas encore réussi à conquérir les trois plus grands pays de la planète: la Chine, l’Inde et l’Amérique. La réticence de ces trois grosses entités tient à leurs histoires et cultures respectives, ainsi qu’à la force des sports existants, le cricket en Inde notamment. Certes le football gagne lentement du terrain, mais l’air vicié qui règne au siège de la FIFA, en Suisse, n’est guère rassurant pour les jeunes fans Chinois qui sont dégoutés par la corruption et les matches truqués organisés par leurs ligues nationales de football.

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Des problèmes structurels

Bien que légalement constituée comme une organisation suisse à but non lucratif, la FIFA n’a pas de maître ni de compte à rendre. Ceux qui pourraient lui demander des comptes sont des organisations nationales ou régionales de football. Malheureusement ces dernières dépendent de sa trésorerie et ne peuvent donc pas lever le petit doigt. D’autres barrières font qu’il est peu probable qu’un rival émerge un jour. Aussi la FIFA a-t-il un monopole naturel sur le football international.

La FIFA ne répond à aucun gouvernement de ses actes. Tout comme le Vatican, elle assure son autocontrôle, tient à son immunité et cultive l’impunité.

Finalement, la clef est peut-être entre les mains du gouvernement Suisse. Les autorités suisses devraient exiger un nettoyage ou retirer le statut juridique et fiscal particulièrement favorable de la FIFA. Ce changement ferait sans doute faire bouger la bête dormante. Cette (trop) haute instance serait alors comme toutes les autres organisations qui, elles, sont soumises aux mêmes contraintes que les entreprises privées.

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