Tous les travailleurs sont exposés à des risques chimiques, quelque soit le secteur d’activité. Du formol, pour les infirmiers, aux pesticides, pour les agriculteurs, en passant par des mélanges variés, pour les dockers : les produits toxiques sont partout, avec souvent des conséquences désastreuses pour la santé.

Un  rapport publié sous l’égide de l’Organisation Internationale du Travail confirme ce « crime » organisé -à un haut niveau- contre les employés du monde entier.

Tous les emplois sont concernés

Dans son rapport, l’Organisation internationale du travail (OIT) relève que «les produits chimiques posent un problème potentiel dans tous les types d’emploi», des salons de coiffure (méthacrylate de méthyle) aux chantiers (amiante, diluants et autres vapeurs de soudage) en passant par le secteur du nettoyage.

«Même dans les bureaux, le personnel est exposé aux particules de toner et autres produits similaires», souligne l’OIT, notant que l’exposition à certains de ces produits peut se traduire par des cancers des années après.

L’OIT avance le chiffre de 4,9 millions de morts par an (8,3% du total) directement imputables aux produits chimiques (au travail ou ailleurs).

Les risques «non maîtrisés»

Selon les spécialistes des cancers professionnels, «les risques chimiques ne sont pas du tout maîtrisés dans le travail» et leurs effets sont «sous-estimés». Ils expliquent que, souvent, sont exposés «les très jeunes, les intérimaires, les stagiaires, les sous-traitants et les femmes» et que «les dispositifs de protection qui existent ne sont même pas utilisés».

Le cas le plus patent concerne le nettoyage et la gestion des déchets où la situation est, selon l’expression consacrée : «hors de contrôle et complètement catastrophique». Chez les dockers, par exemple, lorsque les bateaux transportent des produits périssables, ils sont «traités à mort» pour éviter que des rats viennent dans les cales. «Et les gars, quand ils ouvrent les cales, ils inhalent ces produits», raconte un docker. Une consultation auprès de dockers en activité depuis 1992 a rapidement montré «un taux anormalement élevé de pathologies graves» (cancers du rein, larynx, vessie, prostate…).

Le crime au travail

L’exposition à des cancérogènes peut être néfaste «dès la première molécule, la première fibre, la première poussière». Au cours de ses recherches, des chercheurs ont reconstitué le parcours professionnel de patients atteints d’un cancer. «Sur 1200 patients, 84% de personnes ont été lourdement exposées à des cancérogènes, souvent en poly-exposition sur des durées supérieures à 20 ans.

Comme avec l’amiante, le délai de latence entre l’exposition aux produits et la maladie «est mis à profit» alors que «les produits sont connus, les employeurs les connaissent et ils ont une obligation de sécurité.

Quand on expose quelqu’un à un produit mortel», c’est de l’ordre de la «criminalité», souligne le rapport.

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