Après avoir tracé près de 3500 bébés issus de tous les horizons sociaux, une équipe de recherche a découvert que ceux qui avaient été allaités pendant une période plus longue ont eu un QI d’autant plus élevé à l’âge adulte. Elle a aussi constaté que l’allaitement de longue durée conduit généralement à une scolarité de longue durée et de meilleurs revenus professionnels. Cette étude parue dans la revue The Lancet Global Health, dans son édition du 18 mars 2015, a été globalement bien accueillie par les experts, y compris l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

L’allaitement est depuis longtemps vivement encouragé par l’OMS qui le présente comme l’un des «moyens les plus efficaces» d’assurer la santé et la survie de l’enfant. Elle recommande l’allaitement jusqu’à six mois, mais reconnaît que moins de 40% des bébés dans le monde en bénéficient à l’heure actuelle.

L’étude réalisée par des chercheurs de l’Université brésilienne de Pelotas a étudié le devenir de quelque 3500 enfants nés en 1982 et nourris au sein au début de leur existence pendant des durées variables. Trente ans plus tard, ils ont constaté que l’allaitement avait été bénéfique pour l’ensemble d’entre eux, par comparaison à ceux qui n’avaient pas été allaités et que le bénéfice était proportionnel à la durée de l’allaitement.

D’après ces chercheurs, ceux nourris au sein pendant un an auraient un QI (quotient intellectuel) supérieur de 4 points à ceux allaités pendant moins d’un mois. Ils auraient également eu une scolarité plus longue (de près d’un an), tandis que leurs revenus seraient supérieurs d’un tiers au revenu moyen.

Pour arriver à ce constat, les chercheurs disent avoir tenu compte des variables susceptibles d’avoir un impact sur le résultat, comme le niveau de vie des parents, l’âge de la mère à la naissance ou le fait d’avoir fumé pendant la grossesse.

«Le mécanisme probable permettant d’expliquer les effets bénéfiques du lait maternel sur l’intelligence est la présence d’acides aminés saturés à chaîne longue qui jouent un rôle essentiel dans le développement du cerveau», relève le Dr Bernardo Lessa Horta qui a dirigé l’étude.

Il fait valoir également que contrairement à d’autres études, l’étude brésilienne a porté sur des femmes allaitantes provenant de tous les milieux sociaux et pas majoritairement de milieux favorisés, ce qui facilite la mise en évidence de l’effet allaitement.

Dans une étude publiée en 2014 dans la revue Proceedings of the Royal Society, des chercheurs britanniques avaient déjà montré qu’un allaitement de 3 à 12 mois avait un effet protecteur contre les maladies cardiovasculaires.

Le Dr Colin Michie, membre influent de l’école Royale de pédiatrie de Londres, a déclaré: « De nombreuses études portant sur le lien entre l’allaitement maternel et le QI ont eu leur validité contestée. Cette étude-ci, par son vaste échantillon (3500 bébés de divers souches sociales) et sa durée (30 ans), est beaucoup plus convaincante (…). Elle confirme la nécessité de poursuivre et d’améliorer la promotion de l’allaitement maternel. Il faut que les mères enceintes et les nouvelles mères soient conscientes des avantages de l’allaitement de longue durée sur l’avenir de leurs bébés. »

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