Guido Mantega, ministre des Finances du Brésil, n’est pas du genre langue de bois. En escale à Paris, ce mercredi, il n’a pas failli à sa réputation d’asséner ses vérités sans ambages à l’occasion d’une question posée par un journaliste sur la crise sans précédent que traversent les Etats-Unis et l’Union Européenne.

A la question : Les Etats-Unis et l’Europe ont-ils pris les bonnes mesures pour résorber la crise ?

Monsieur Mantega à répondu : « Ils ne gèrent pas de façon adéquate cette crise. Jusqu’à aujourd’hui, ils se sont uniquement limités à des mesures concernant le domaine financier.

Aux Etats-Unis, la Réserve fédérale a lancé un troisième cycle d’assouplissement quantitatif, alors qu’il y a déjà un excès de liquidités en dollars et que les taux d’intérêt sont très bas. L’administration américaine ferait mieux de s’attaquer au problème des « supprimes », des créances hypothécaires et de redynamiser le marché immobilier.

Pour le cas européen, la crise financière a pris des proportions telles qu’il est difficile aujourd’hui d’envisager un retour de la croissance. Il faudra d’abord résoudre le problème de la Grèce et de l’Espagne. Aujourd’hui, il y a un réel danger d’assèchement du crédit en Europe. Quoi qu’il en soit, l’année 2012 est d’ores et déjà une année perdue pour l’Europe. Il y a un déséquilibre entre les politiques monétaire et budgétaire en Europe. Il faut en même temps mettre en place des mesures monétaires et créer un grand instrument d’investissement dans les infrastructures pour retrouver de la croissance. C’est ce que nous avons fait au Brésil. Nous en sommes au stade des promesses en Europe. Trop peu a été fait et trop tard. »