Une association regroupant de prestigieux cancérologues, dénommée « American Society of Clinical Oncology » (ASCO) a publié dans le « Journal of Clinical Oncology » une déclaration soulignant le lien entre la consommation d’alcool et plusieurs types de cancer, notamment les cancers de la bouche, de la gorge, de l’œsophage, du côlon. Le lien de causalité est d’autant plus fort que, selon les auteurs, au moins 5,5% des nouveaux cas de cancer dans le monde seraient le fait de la consommation d’alcool.

Sensibilisation
Cette déclaration n’est pas une surprise, ni une nouveauté, car plusieurs études ont, depuis longtemps et de façon constante, constaté la corrélation entre la consommation d’alcool et la formation de cancers. Mais, c’est la première fois que l’ASCO, une organisation professionnelle composée des meilleurs cancérologues exerçant aux États-Unis d’Amérique, ajoute sa voix au débat. Selon l’oncologue, Noelle LoConte, co-auteure, le but de l’article est d’éduquer les médecins, le public et les patients atteints de cancer. « Bien que le lien de cause à effet soit établi depuis longtemps, la plupart des oncologues, la plupart des malades et la plupart des patients atteints de cancer ne sont pas conscients du risque », a-t-elle précisé. Cette étude est  » une opportunité pour nous de sensibiliser tout ce monde. »
C’est une opportunité, a-t-elle poursuivi, de demander davantage de recherches sur la relation entre la consommation d’alcool et la récidive chez les patients atteints de cancer. Cette nouvelle parution est  aussi une opportunité pour répondre aux croyances largement répandues selon lesquelles la consommation d’alcool pourrait avoir des effets bénéfiques sur la santé. En effet, une étude parue au début de l’année 2017 dans la revue scientifique BMJ a révélé que la consommation modérée de boisson alcoolisée serait saine pour le cœur. En outre un article publié dans le Diabetologia a conclu qu’une consommation modérée de boissons alcoolisée réduirait le risque de diabète de type 2. Enfin, d’autres études ont mis en évidence des supposés bienfaits du vin rouge.
Les bénéfices cardiovasculaires d’une consommation modérée d’alcool, en particulier, ont été « largement démystifiés » par plusieurs recherches portant sur l’abstinence, c’est-à-dire l’idée que beaucoup de personnes retardent de s’abimer dans l’alcoolisme parce qu’elles ont d’autres problèmes de santé qui les découragent et les rendent réticents ou parce qu’elles sont sur le chemin du rétablissement. Selon la porte-parole de l’ASCO, en s’appuyant sur la théorie de « l’abstinence » les études ventant les bienfaits de l’alcoolisme modéré  faussent les données du problème. Elles donnent l’impression que la consommation d’alcool procure des bienfaits pour la santé, alors qu’en réalité le problème « n’est pas que les buveurs d’alcool soient en meilleure santé; mais que les non-alcooliques soient en moyenne en moins bonne santé », a expliqué la cancérologue.