C’était le phénomène viral de l’année 2012. Psy, de son vrai nom Park Jae-sang, a fait mieux que Justin Bieber, Lady Gaga ou Michael Jackson.

Le chanteur sud-coréen, qui a étudié aux États-Unis, aux universités de Boston et Berklee College of Music, a pulvérisé les records avec un clip où il moque, sur un pas de danse loufoque mimant un cavalier, cette image d’une Corée du sud à la réussite immaculée, en s’attaquant précisément au quartier de Gangnam à Séoul. Cet arrondissement qui concentre tout ce qui sert de « rêve américain » à une population qui souffre pourtant d’une poussée croissante des inégalités et d’une envolée de la dette privée.

Un milliard de visiteurs

Depuis sa mise en ligne sur YouTube, le 15 juillet 2012, le clip vidéo « Gangnam style », parodiant le style de vie de la jeunesse dorée sud-coréenne,  a passé la barre du milliard de vues, sans compter les autres sites de vidéos qui diffusent également ledit clip. Celui-ci a atteint la première place dans le top 100 YouTube (pour les semaines du 28 août et du 4 septembre 2012) et le sera pour longtemps. Au total, le nombre de visionnages tous supports et vidéos confondus sur internet du clip de la chanson a déjà dépassé la barre du milliard de vues en seulement quatre mois. Ce qui en fait, depuis le 21 décembre 2012, la première vidéo du web la plus regardée de tous les temps et le plus grand phénomène musical mondial après l’album Thriller de Michael Jackson.

Un milliard de « vues »… et presque autant de questions soulevées par ce morceau, qui semble, de prime abord, aussi kitsch et consternant qu’une « danse des canards » pour village vacances global. A première vue seulement. Car, on aurait tort de traiter par le seul mépris cet hymne régressif planétaire et sa désormais célèbre « danse du cavalier », sur laquelle se sont déjà dandinés publiquement le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, le premier ministre britannique, David Cameron, ou encore le patron de Google, Eric Schmidt… et d’autres hautes personnalités sont sur la liste d’attente. Le président des Etats-Unis, Barack Obama, par exemple, a assuré qu’il était capable de danser sur Gangnam Style pour fêter sa réélection.

Le pactole de Psy

Sur Youtube, la règle est de rémunérer l’auteur d’une vidéo à hauteur de 1 dollar pour 1000 visionnages. En franchissant la barre du milliard de vue, le calcul est donc vite fait : PSY, le chanteur sud-coréen va déjà empocher 1 million dollars de royalties de la part du site de vidéo en ligne.

En sus, Youtube va également lui reverser des droits d’auteurs pour les dizaines de milliers de vidéos qui ont détourné ou parodié son Gangnam Style, auquel il faut aussi ajouter les ventes de disques.

Au total, la chanson aura rapporté pas loin de 8 millions de dollars cette année. Mais il y a plus. Les contrats publicitaires, les concerts, et des retombées encore plus surprenantes.

Car le chanteur-rappeur sud-coréen est aussi actionnaire d’une grosse société familiale spécialisée dans l’électronique. Le succès de Gangnam Style a fait bondir l’action de 188% et a rapporté au chanteur en un temps record plus de 20 millions d’euros.

Ce succès a déjà rapporté un joli pactole à l’artiste, plus de six millions d’euros, selon l’agence « Associated Press ». Pourtant, selon ses dires, le chanteur sud-coréen n’a jamais eu l’intention de devenir une machine à gros sous. «Mon objectif a toujours été de faire des choses festives et rigolotes, sans me prendre au sérieux», expliquait-t-il récemment.

Reste que, grâce à lui, c’est tout le continent asiatique qui s’invite dans la danse de l’entertainment et du business de la pop, dominé jusque-là par le monde anglo-saxon. En dépassant le Canadien Justin Bieber sur l’indice YouTube, cette nouvelle unité de mesure d’audience globale, Psy propose un nouvel ordre  culturel mondial.

Le mois dernier Psy a été décoré, à juste titre, par le ministre sud coréen de la culture, de la prestigieuse médaille de l’ordre Okgwan du mérite culturel pour « services exceptionnels ».

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