Sans entrer ici dans une analyse approfondie de la prise de parole en public, il nous semble cependant important de préciser ceci : le temps psychologique de l’orateur n’est pas celui des auditeurs. Un orateur a toujours le sentiment qu’il n’en dit pas assez, alors que l’auditoire a le sentiment, de son côté, qu’on l’assomme de platitudes interminables et d’oiseuses considérations. Par conséquent, si l’orateur a le sentiment d’avoir été trop court, c’est plutôt bon signe.

Les formules pour faire court et/ou long ne manquent pas :

*« Rassurez-vous, je ne vais pas profiter de cette occasion unique pour vous assommer avec un discours long et indigeste. Je vais essayer de faire bref »

* « Présenter succinctement l’activité annuelle des services de l’État dans le département est une entreprise que je ne peux concevoir sous l’angle de l’exhaustivité. »

*« Je vais faire court puisque vous disposez par ailleurs d’un document écrit très complet… »

*« Je serai long et je vous prie de m’en excuser mais la nature et la qualité de nos relations m’y autorisent… ».

*« J’aimerais à cet égard insister sur la méthode… »

*« Je vais vous dire ma conviction… »

*« Je ne peux pas vous cacher quelques inquiétudes à cet égard… »

*….

Le pire, c’est que ces formules pour dorer la pilule ne sont pas stupides en soi ; c’est lorsqu’elles sont rapportées à un discours d’une agonie interminable  qu’elles deviennent meurtrières.

Le plus drôle, c’est lorsqu’à la fin de son long discours  le même orateur convie ses auditeurs à poser d’« éventuelles questions »… On imagine difficilement que ceux qui ne sont pas morts d’ennui osent encore se manifester, tout soucieux d’éviter des réponses également interminables et des regards haineux de la part de ceux qui croyaient pouvoir enfin s’éclipser.