Le monde devra réduire à un rythme sans précédent le taux d’émissions de carbone d’ici 2050, afin d’empêcher les températures de la planète d’augmenter de plus de 2°C au cours de ce siècle, révèle un rapport publié en début de semaine. A deux semaines de la Conférence sur les changements climatiques de Doha (Qatar) censé reconduire le protocole de Kyoto après 2012, il y a lieu de s’inquiéter sérieusement.

Dans son rapport annuel intitulé « l’indice du pouvoir de réduction du carbone », le consultant PriceWaterhouseCoopers (PwC) a passé au crible les progrès accomplis par les pays développées et émergentes, du point de vue de la réduction de l’intensité ou l’émission du carbone.

Ralentir l’industrialisation

Actuellement, la température globale s’élève à environ 0,8 degrés de Celsius au-dessus  de celle enregistrée avant l’industrialisation de l’économie. Pourtant, près de 200 pays ont accepté en 2010, dans le cadre d’une réunion des Nations Unies sur le climat, d’empêcher les températures de la planète d’augmenter de plus de 2°C au cours de ce siècle, afin d’éviter ou du moins limiter les impacts du changement climatique. Pour atteindre cet objectif, la réduction de l’intensité du carbone devrait être portée au-dessus de 5% par an, indique le rapport. Or de 2000 à 2011, le taux de réduction annuel est de 0,8%.  » En raison des promesses non tenues, le taux de réduction de l’intensité du carbone devrait être en moyenne de 5,1% par année d’ici à 2050. Ce taux de réduction n’a jamais été atteint pendant les 50 dernières années,  » dit le rapport.

Les scientifiques du climat tirent donc la sonnette d’alarme et prédisent l’impossibilité d’une baisse de l’émission du carbone en dessous de 2C°. D’autant plus qu’au titre de l’année 2011, l’émission globale de carbone a augmenté de plus de 3%, un record, selon l’agence internationale de l’énergie.

Même si le taux de réduction de 5% est réalisable sur le long terme, la décarbonisation globale n’aura pas d’effet immédiat. Il faut donc envisager une réduction plus radicale. Comme l’a affirmé Lion Johnson, responsable climat de PwC : « même si nous doublons notre taux normal de décarbonisation, nous n’échapperons pas à une augmentation de co2 qui portera le réchauffement climatique à 06C° à la fin du siècle.  Si on veut avoir 50% de chance d’éviter le seuil critique de 2 degrés Celsius, il faudrait six fois plus d’effort  dans la mise en œuvre de la décarbonisation globale. »

Les pays de l’Union Européenne en tête de la décarbonisation

Selon le rapport, les pays de l’Union européenne, particulièrement la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne sont parvenus à un taux de décarbonisation de plus de 6%, aux termes des exercices 2010 et 2011. L’ironie c’est que, selon PwC, « la raison principale de cette baisse de carbonisation climatique est la réduction de l’usage d’énergie pendant l’hiver qui s’est avéré plus doux dans ces régions. Il faut ajouter que la campagne anti-nucléaire qui a eu cours au sein des Royaume-Unis, France et l’Allemagne a abouti à une prise de position des autorités politiques dans le sens d’une réduction relative des émissions de co2 », peut-on lire dans le rapport.

Les Etats-Unis ont connu une diminution 3,5% de l’intensité carbonique en 2011. Cette réduction réside pour l’essentiel  non seulement dans le basculement du charbon vers le gaz de schiste, mais aussi dans la mise en circulation de véhicules moins polluants.

La décarbonisation en Chine et en Inde durant la dernière décennie semble avoir marqué le pas, alors que l’émission du carbone en Australie grimpait à 6,7% et le Japon à 0,8%, l’année dernière.

Bien que les principales puissances aient promis à la face du monde une réduction drastique de leurs émissions du dioxyde carbonique, ces engagements s’avèrent insuffisants pour atteindre l’objectif de deux degrés Celsius. Pour les experts de PwC, les pressions économiques subies par les autorités de ces pays éloignent la réalisation d’un tel objectif.

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