« Je n’ai pas peur des influences européennes », a-t-il déclaré dans une entrevue accordée au critique Nat Hentoff. L’objectif  » est de les utiliser, comme Duke Ellington l’a fait, dans le cadre de ma vie de nègre américain », a-t-il ajouté.

Dans une collection d’essais consacrée aux musiciens de jazz publiés en 1966, le poète et critique A. B. Spellman a écrit: « Il n’y a qu’un seul musicien qui, unanimement reconnu- même par ceux qui détestent sa musique – a été capable d’incorporer tout ce qu’il voulait de la composition occidentale classique et moderne dans son propre esthétique sans pour autant se compromettre. C’est Cecil Taylor. Il est une sorte de Bartok à l’envers. »

Parce que son travail n’était ni folklorique, ni facile (populiste), tendant (tournant autour) sans pour autant entrer dans le répertoire du jazz consensuel, M. Taylor occupait une place isolée. Même après avoir été couronné par des prix et récompenses – il a reçu une bourse Guggenheim en 1973, une dotation nationale pour l’Arts Jazz Masters en 1990, une bourse MacArthur en 1991 et le prix Kyoto en 2014 – sa musique n’a jamais été facile à qualifier ou quantifier.

Si l’improvisation signifie utiliser l’intuition et le risque dans le moment présent, peu de musiciens ont pris ce défi avec autant de sérieux que Cecil Taylor. Si une phrase semblait d’une importance primordiale, la phrase suivante s’avérait encore plus crucial. La gamme d’expression dans son toucher était constituée de caresses, grondements et sauts inattendus.